Gwenola Wagon et Pierre Cassou-Noguès viennent travailler à un projet commun, Habiter, qu’ils présentent ainsi :
« Habiter est un projet d’écriture protéiforme qui interroge la machine à habiter contemporaine. Il se décline sous forme de vidéos, de performances et de textes que nous travaillons à rassembler en un livre.
Que change le numérique à notre façon d’habiter ? Nous voulons analyser l’habiter numérique depuis ce premier matin où l’habitant potentiel commence à chercher un logement en consultant une annonce sur son téléphone portable jusqu’à cette soirée où on le retrouve, chez lui, assis sur un canapé en train de télécharger le film de sa soirée.
En un sens, que ni Heidegger ni Le Corbusier n’avaient envisagé, les écrans sont-ils les véritables machines à habiter ?
Nous visitons d’abord nos logements sur des écrans, en consultant des petites annonces. Les photographies sont retouchées, filtrées pour que le logement apparaisse plus lumineux : “clair et calme”. Des décorateurs spécialisés peuvent même aider le vendeur à transformer son logement en un appartement type AirBnB. Le texte de l’annonce est rédigé par une intelligence artificielle qui rendrait désirable l’offre d’un marchand de sommeil.
Une multitude de filtres s’opèrent. Réussissent-ils à effacer tout à fait la réalité ou celle-ci resurgit-elle dans le bruit d’une autoroute sous les fenêtres, une canicule dans une chambre aveugle, une inondation, une invasion d’insectes non identifiés ? Autant de fléaux que les réseaux sociaux recensent sans tout à fait y croire. »