Par les écrans du monde
Soudain:
En l’espace de quelques secondes l’avion traverse le cadre de ciel bleu et uni, fonce dans la tour sur la droite de l’image et explose dans un nuage de feu et un bruit de tempête.
Puis soudain :
L’avion se découpe, fuselé, dans le cadre de ciel d’un bleu uni et lumineux sur l’image, dans une trajectoire presque parfaitement horizontale qui fonce contre la tour de gauche, explose, un éclair, un coup de tonnerre, dans la lumière encore vierge du petit matin.
(…)
Nous sommes le 11 septembre 2001. Le XXIe siècle ne fait que commencer.
Combien de fois les avons-nous vues et revues, ces images qui passaient en boucle à la télévision ?
Par les écrans du monde (Le Seuil, Fiction et Cie, 2018), le dernier roman de Fanny Taillandier, revient sur leur pouvoir de sidération et raconte ce qu’on ne nous a pas montré des événements du 11 septembre, ce qui est resté hors champ : le vécu intime de certains de ceux qui ont participé à ce drame, d’une façon ou d’une autre.
Le livre entremêle les histoires d’un personnage réel, Mohammed Atta – architecte égyptien qui a pris les commandes d’un des avions – et celles de deux personnages fictifs, Lucy et son frère William. Elle est une brillante mathématicienne qui calcule les risques pour une compagnie d’assurances ; elle travaille au World Trade Center, nous la suivons dans sa tentative de fuite. William, vétéran de l’US Air Force, dirige la sécurité à l’aéroport de Boston. Il prend conscience des négligences qui ont eu lieu et tente de comprendre.
Après s’être documentée pendant plusieurs années sur l’événement, avoir lu les rapports officiels et de nombreux ouvrages sur le terrorisme, Fanny Taillandier a écrit ce roman à la fois documentaire et fictionnel, mêlant récit à suspense et réflexions morales et politiques.
Lors de la rencontre, elle a raconté à partir de quels documents elle avait travaillé, comment elle avait choisi ses personnages et articulé les différents éléments du récit.