La Contre-dépouille
À l’automne 1941, quatorze artistes français, dont certains jouissent d’une belle notoriété (Derain, Vlaminck, Van Dongen, etc.), acceptent une invitation du régime nazi et se rendent dans plusieurs villes d’Allemagne pour y rencontrer leurs confrères. En février 1942, L’Illustration publiera un compte rendu de ce voyage, rendant hommage au « génie » nazi et à son sculpteur officiel, Arno Breker.
En 2005, le Conseil municipal de Roubaix accepte un don d’œuvres d’Henri Bouchard, dont l’atelier doit être reconstitué à La Piscine, le musée de la ville. Bouchard est présenté comme un « artiste essentiel de la sculpture, après Rodin ». C’est en fait un artiste académique et collaborateur, l’un de ceux qui ont fait le voyage en Allemagne en 1941, et l’auteur de l’article paru dans L’Illustration.
Ce projet a suscité de nombreuses protestations, dont celle de l’artiste Jean-Sylvain Bieth qui, dans ses œuvres plastiques, a fréquemment fait référence au racisme, au colonialisme et au fascisme comme aux rapports entre art et pouvoir politique.
Aujourd’hui, Jean-Sylvain Bieth termine l’écriture d’un récit relatant les deux semaines de ce « voyage d’études », en même temps que le voyage-retour de l’un des protagonistes.
Intitulé La Contre-Dépouille*, ce récit s’appuie sur des faits et situations historiques, aussi anodines soient-elles, mais laisse une part à la fiction et aux réflexions prêtées par l’auteur au personnage qu’il évoque.
* Ce terme, employé en sculpture, désigne une forme de rétention qui contrarie et empêche le démoulage d’une pièce modelée.