Gwenola Wagon et Pierre Cassou-Noguès

Pour cette deuxième partie de leur résidence à la Villa La Brugère, Pierre Cassou-Noguès et Gwenola Wagon travaillent à donner sa forme, ses formes, au projet Littoral.

Au cours du printemps 2025, Pierre a parcouru, parfois seul, parfois avec Gwenola, le littoral Atlantique, de Biarritz à Ostende, sur un vélo en bambou qu’il avait fabriqué lui-même. De ce long voyage, ils ramènent des notes, des images, de courtes vidéos, auxquels il s’agit maintenant de donner des formes stables.

Le littoral français, dans l’aspect qu’il a actuellement, s’est fixé à peu près au milieu du 19^e. Le développement du tourisme balnéaire, la plantation de la forêt de pins dans les Landes, l’arrivée du chemin de fer en avaient transformé entièrement les paysages. Aujourd’hui, cependant, ce littoral est menacé par la crise environnementale : incendie de forêt, recul du trait de côte, nouvelles formes de pollution des plages.

Le parcours des côtes, au rythme lent du vélo, a d’abord pour but de documenter l’état du littoral, les difficultés, les menaces, mais aussi les projets de renégociation de l’humain avec son environnement. La crise environnementale ou plutôt les crises environnementales redonnent une étrangeté aux côtes que le tourisme semblait avoir entièrement domestiquées. C’est à la recherche de cette nouvelle étrangeté que, par le texte et l’image, les deux auteurs se sont lancés. Dans la littérature fantastique, l’étrange, « uncanny », « unheimlich » est produit par l’évocation d’esprits aux corps insaisissables, problématiques. A l’inverse, la crise environnementale appelle une autre écriture de l’étrange qui passe par le devenir de corps sans esprit, de matières qui n’ont plus de fonctions, les déchets, le plastique dans les océans.

C’est l’ambiguïté de ce projet qu’il devrait retracer un voyage fantastique dans l’étrange, et un voyage tout à fait réaliste, et ce serait le même voyage.