Résidence

Elitza Gueorguieva

15.06.2022 - 15.07.2022

Elitza Gueorguieva, que la Villa La Brugère a déjà accueillie pendant le tournage de son film Notre endroit silencieux, revient en résidence travailler à l’écriture d’un nouveau roman : il s’agit des récits de trois femmes vivant entre deux pays, la France et la Bulgarie. Par accident, décision individuelle et souvent par nécessité, ces femmes se prostituent, souvent dans des conditions très précaires. Étrangères, elles s’approprient l’espace d’une nuit, des bouts d’une ville qui n’est pas la leur.

C’est un sujet qui touche Elitza Gueorguieva depuis le début de son séjour en France. Elle a souvent été contactée par des associations afin de traduire bénévolement pour les travailleuses du sexe de son pays. Récemment, elle a rencontré D et a éprouvé une immense empathie pour cette femme de dix-sept ans son aînée, qui a été victime de nombreuses injustices toute sa vie : d’abord des discriminations sociales en tant qu’appartenant à la minorité turque à qui on a interdit de parler sa langue et de porter son nom de naissance ; en tant que non-communiste qu’on exclut du Parti pour refus de collaborer ; en tant que femme mariée de force que son mari maltraitait quotidiennement. Finalement la prostitution, bien qu’imposée au départ et extrêmement difficile à supporter par moments, est aussi une manière pour D. d’échapper à sa prison sociale en Bulgarie.

Dans ce nouveau roman Elitza Gueorguieva souhaite à la fois préserver le ton étrange et fantaisiste de ses textes précédents et accueillir l’expression très particulière de cette femme. Elle traduit depuis plusieurs mois cette langue hybride entre le turc, le bulgare et le français, entre l’argot régional et les phrasés datés de l’époque communiste. Une langue extrêmement riche qu’elle essaie d’intégrer à ses questionnements stylistiques, à ses propres contraintes d’écrivaine en expression étrangère.

Elitza Gueorguieva

Elitza Gueorguieva

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