Résidence

Hélène Frappat
Olivier Mellano

18.09.2020 - 24.09.2020

L’écrivaine Hélène Frappat et le musicien Olivier Mellano viennent en résidence pour travailler à Fleuve Kate, un projet commun qu’ils présentent ainsi :

 

             « Fleuve Kate est l’histoire d’une femme changée en fleuve, et d’un fleuve fait femme. La femme, c’est la comédienne Kate Moran, dont le corps et les yeux magnétiques ont irradié sur la scène de Bob Wilson (Einstein on the Beach, où elle a repris le rôle principal créé par la chorégraphe Lucinda Childs), ou devant la caméra de Yann Gonzalez (dans Les Rencontres d’après Minuit et Un couteau dans le cœur).

Nous avons rêvé un fleuve qui transporte des voix.

Le fleuve magnétique, qui lit dans les corps et les voix, prend sa source à Pittsfield, Massachussetts, où Kate Moran est née. Quand elle entre dans le fleuve au début, ses longs cheveux flottant autour d’elle, le fleuve parle dans la langue de celle dont il devine les secrets.

Enveloppée de vent, de ciel et d’eau, l’histoire commence :

Dark dark river I remember

            Plongée dans le fleuve, telle Ophélie, Kate traverse des forêts, affronte des courants, est ralentie par les feuilles, la boue, les arbres. Le fleuve reflète le ciel et les nuages, à l’image des yeux de Kate, à la couleur indéfinissable et mutante. Le fleuve dissimule les larmes de Kate, qui jamais ne pleure publiquement, sauf sur la scène d’un théâtre.

Peu à peu le récit avance, scandé par des récitatifs et des chansons, dont les textes s’inspirent des paysages et des sentiments traversés, et aussi du parcours de Kate. Surtout, le fleuve enregistre le vent, le ciel, les éléments, que l’on ressent comme si l’on y était plongé, à travers l’expérience télépathe d’un courant d’eau/d’existence en lequel, lentement, le visage secret de Kate se dévoile.

Soudain, Fleuve Kate franchit les frontières et, à l’instar de la comédienne quittant New York à 19 ans pour rejoindre les plateaux du metteur en scène Pascal Rambert, il arrive en France.

C’est l’apprentissage hésitant des premiers mots en français, sous la dictée d’un enfant qui aide Fleuve Kate à franchir ce nouveau courant.

Et sombre sombre fleuve je me rappelle

            Alors récits et chansons sont portés par la voix de Fleuve Kate en français, jusqu’au terme ultime où conduisent tous les fleuves : la mer/la mère, l’origine qui est aussi la fin.

Fleuve Kate est un roman-fleuve, un voyage partagé, un récit de soi en chansons — le soi de Kate et celui qu’y projette l’auditeur, comme on jette un caillou ou une feuille dans l’eau —, une expérience télépathique et radiographique, une opération alchimique où l’élément eau et air se font musique, où la guitare révèle/dissimule les secrets, où la comédienne/la femme se livrent, où les mystères de l’écoute infusent doucement dans ce bain temporel et sensoriel universel qu’est le fleuve.

De manière organique, comme si chacun collait une oreille à l’intérieur de son propre corps, identifié ici au grand corps universel du temps, l’eau et les courants filtrent doucement les sons et les voix, jusqu’au terme du voyage où l’on pourra déposer les armes/les larmes. »

Hélène Frappat<br>Olivier Mellano

Hélène Frappat

Hélène Frappat<br>Olivier Mellano

Olivier Mellano

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